« L'instinct de survie est plus fort que n'importe quoi, plus fort que l'amour même, quoi qu'en disent les bonnes âmes. C'est la nature. »
RP Commun ♥

Aujourd’hui, c’était une belle journée qui s’annonçait. Les rayons du soleil traversaient les fenêtres des maisons bostoniennes tandis que la musique s’élevait depuis un moment dans les airs. Le festival annuel de Boston, « we will rock you », avait lieu à cet instant précis. C’est avec un sourire aux lèvres que je me redressai du bord de ma fenêtre, tandis que je croisais les visages enjoués de passants, mêmes s’ils me semblaient bien petits depuis mon étage. Je pris une douche rapide avant d’enfiler un petit short et un top à décolleté plongeant. En tant que Mannequin, je devais être présentable pour les éventuels photographes qui se baladaient par-là. Bien que Victoria’s Secret développait surtout la lingerie, l’apparence « habillée » comptait également beaucoup. En même temps, je n’allais pas me balader en petite tenue devant tout le monde. J’enfilai mes ballerines avant de me pomponner quelque peu, comme d’ordinaire. Maquillage, cheveux séchés, resserrage de mon soutien-gorge, vérification de ma tenue : tout y passait dans des gestes naturels et répétés. Une fois prête, j’allais me décider à partir.

Soudain, je ressentis encore une fois cette oppression dans mon ventre. Comme si mes entrailles réclamaient une dose quotidienne. Je me mordis la lèvre, soucieuse de mon état de santé étrange. Puis, je le fis une fois encore. Sortant un raille, je le déposai sur la table basse et je pris un tube prévu à cet effet. Quelques instants plus tard, la poudre blanche envahit mes narines et je balançai la tête en arrière. Mon sourire s’étendit, tandis que je m’essuyai le nez avec le revers de ma main. Bientôt, je me sentirai à nouveau planer. Une sensation dont j’avais besoin pour ne pas craquer durant cette période. Me relevant, après avoir nettoyé la table, je remis le petit sachet de poudre dans mes vêtements et je me dirigeai vers Silver, mon serpent domestique. J’ouvris son vivarium, depuis lequel je caressai sa peau qui ressemblait au plastique. Encore endormi, l’animal n’était guère réceptif. J’ouvris une boite sur le côté, où gisais de petites souris qui lui servaient de repas. Un élevage maison que je ravitaillais parfois lors des pénuries. Etonnement, je n’avais pas de remords à donner des souriceaux en pâture au serpent.

Un autre vice me vint à l’esprit. Je filai alors à la salle de bain, après avoir fermé la cage de Silver, pour m’empresser d’effectuer un test de grossesse inutile. Le résultat, je le connaissais par cœur. Rien ne s’affichait et je fondais en larmes, la plupart du temps. Alors, c’est sans regarder le résultat que je reposai l’objet sur le bord de l’évier pour partir de plus bel dans mon délire. La drogue se mit à m’enivrer et je me mis à rire pour rien. Je repris le test entre mes mains, que j’allais jeter à la poubelle. Sauf que, le résultat fut différent. Un petit « + » s’affichait timidement, en vert. Enceinte. Pour être sûre, je relus le mode d’emploi. Enceinte. J’effectuai un second test. Enceinte. L’objet me glissa entre les doigts et le bonheur s’empara de mon être.

« Je vais être maman... »

Murmurai-je doucement, comme un sanglot étouffé. Mes yeux s’humidifièrent et les larmes de joie s’emparèrent de mon être, tandis que je me mis à tournoyer sur moi-même dans une danse un peu déjantée. Les effets de la drogue mélangés à ce bonheur personnel ne pouvaient qu’accroître ma sensation de bien-être subite. C’est donc joyeuse que je me précipitai sur la manifestation, plus spécifiquement dans un bar. Je ne vis personne que je connaissais, obnubilée par ma nouvelle que je gardais précieusement. Je ne voulais pas l’annoncer au monde, préférant ce moment d’intimité avec l’enfant qui se développait en moi. Prenant une bière sans alcool, j’en bus une gorgée. Je ne me souciais pas du monde qui m’entourait. Et pourtant, j’aurais dû !

J’en ressortis une heure après, profitant de la chaleur pour m’amuser un peu et voir le monde. Être seule ne me dérangeait pas et j’espérais bien croiser quelques personnes que je connaissais. La musique entraînant donnait envie de danser d’avantage, ce qui me fit rire toute seule. Cependant, après quelques heures tout au plus, la panique générale s’installa. Une tornade, ou quelque chose de similaire, s’abattait sur la ville. Dans la panique, je me suis mise à courir de plus en plus vite, cherchant un abri quelconque pour ne pas finir dans les airs. Alors que je courais, je remarquai que quelques personnes entrèrent dans ce qui semblait être un bar. C’est ainsi que je m’y rendis à mon tour, affolée. Quelques minutes plus tard les portes se bloquèrent et l’électricité se coupa. L’angoisse me montait dans les tripes et je craignais que la Mort ne vienne reprendre le petit être en moi.

Ca devait être une belle journée…

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