Penny & Kheyran

La journée promettait d’être comme toutes les autres depuis que j’étais revenu de Nice, il y a deux ans maintenant. Une journée simple, banale, comme les autres. Une sorte de routine s’était désormais installée et je n’attendais qu’une chose, pouvoir enfin la casser. Seulement, c’était plus facile à dire qu’à faire et je ne le faisais pas vraiment. Je ne me donnai pas les moyens comme dirait ma tante. Quelque part, cette vie me plaisait. Enfin, je crois. J’avais finis mes études, j’étais devenu un journaliste dans un journal de Boston. Tout semblait me sourire enfin. Et pourtant, j’avais la sensation qu’il me manquait un truc. Chaque nuit, je faisais le même rêve totalement étrange. Je ne m’en rappelai qu’en partie. C’est ainsi qu’il eut le don de me réveiller, encore. Les yeux mi clos, je tournai la tête afin de jeter un coup d’œil sur le vieux radio réveil. Ce dernier indiquait avec ses chiffres rouges huit heures moins le quart. Moins tôt que d’ordinaire. J’avais espéré dormir plus étant donné que j’étais en congé pour trois malheureux petits jours. Peine perdue. Après avoir poussé un long râlement, je finis par jeter le drap par-dessus moi. Je ne bougeai pourtant pas tout de suite. Je restai quelques minutes supplémentaires à regarder le plafond blanc de ma chambre. Nouveau coup d’œil sur le réveil et cette fois ci, je me levai pour de bon. J’allai directement dans la salle de bain. Je ne tardai pas à faire couler l’eau tiède et à m’y jeter dessous. Celle-ci eut pour effet d’achever de me réveiller. Lorsque j’en sortis, je restai quelques secondes devant le miroir plein de buée puis, entrepris de me brosser les dents. Une fois ceci fait, je retournai dans ma chambre où je sortis de ma commode un jean et un tee shirt blanc. Je rajoutai une veste puis attrapai mon portable. Je sortis de chez moi, fermant l’appartement à clef et les mains dans les poches, je sorti en ville. Je fis un tour rapide jusqu’au Starbucks où je me pris un café puis, je retournai chez moi enfiler un jogging. Le beau temps n’était malheureusement pas au rendez vous par cette journée de juillet. Je soufflai puis, une fois chez moi, je m’affalai sur le vieux canapé en cuir et bus mon café. J’allai jeter le fond de café qu’il restait puis, je restai quelques secondes sans vraiment savoir quoi faire. J’avais pris des congés mais je ne savais même pas pourquoi pour être honnête. Je n’avais pas prévu d’aller où que ce soit. Un nouveau coup d’œil sur mon portable m’apprit qu’il était neuf heures trente passées. J’avais un jogging sur moi alors autant aller faire un peu de sport. Je ne voyais pas vraiment quoi faire d’autre. Je pris ma voiture et me rendis jusqu’au sport Hall. Une fois la bas, je ne savais pas vraiment où aller jusqu’à ce que je bouscule une jeune femme par mégarde. Elle avait carrément finit sur le derrière. Je ne tardai pas à me baisser et à lui tendre ma main afin de l’aider à se relever. « Désolé, j’regardai pas où j’allai. » Lorsque la tête blonde se leva vers moi, je restai stupéfait. « Penny. Penny Sullivan ?! »

Penny & Kheyran

J’étais en congé, pour trois malheureux petits jours durant lesquels je ne savais que faire. C’était donc en enfilant un jogging que je m’étais rendu au sports hall dans l’intention de faire un peu d’exercice. J’avais besoin de me maintenir en forme. Alors que le temps était maussade, menaçant d’une minute à l’autre de verser sur Boston une pluie froide, je m’étais hâté de rentrer dans le hall du complexe sportif. La tête baissée et les mains dans les poches, je ne faisais pas attention où j’allai, ce qui me valu une collision quelque peu brutale. Je regardai autour de moi puis, je vis au sol une petite tête blonde. De là où j’étais, j’entendais la musique qui se jouait sur son portable tant le son était fort. Lorsqu’elle releva la tête, ma surprise ne fut pas des moindres. Pour cause, je connaissais la jeune femme que je venais de bousculer. « Kheyran Reynolds ! Tu parles d'une surprise ! Qu'est-ce que tu fais ici, enfin je veux dire ici à Boston? Tu en avais marre des françaises beaucoup trop superficiel et maigre qui sortent tout droit des magazines ? » Et visiblement, elle se souvenait de moi me reconnaissait également. En entendant sa réplique, je ne pu réprimander le sourire qui me gagna et lui tendit une main afin de l’aider à se relever. Lorsqu’elle fut à ma hauteur, ce fut plus fort que moi. J’attrapai la jeune femme et la serrai dans mes bras. « Oh mon dieu ! C’est tellement bon de te revoir, Penny. Ca fait deux ans que je suis rentré à Boston. Et malgré tout, le soleil et la chaleur de Nice me manque. Quant aux nanas plus maigres que jamais en bikini presque toute l’année.. Ca me manque un peu moins. Et je peux te retourner la question, que fais tu ici ? Le monde est petit au final ! » A nouveau, j’adressai un sourire en coin à la petite tête blonde qui se tenait face à moi. Elle n’avait pas tellement changé durant ces quelques années où nous nous étions pas revus. Elle avait surement gagné en maturité même si j’en doutai un peu. De ce que je la connaissais, Penny était une femme pleine de vie, à toujours vouloir s’amuser. Elle ne prenait pas grand-chose au sérieux. Du moins, c’était comme ça lorsque je l’avais rencontré durant son séjour sur la Cote d’Azur. Puis, une fois encore, je pris la jeune femme dans mes bras avant de lui faire face, la tenant par les épaules. « Tu m’as manqué quand même et je t’avoue franchement que tu es la dernière personne que je m’attendais à croiser là, à Boston qui plus est. » En prononçant ces paroles, je désignai le hall où nous étions, tout sourire.

Penny & Kheyran

Après être sorti de chez moi et m’être rendu au sports hall, j’avais bousculé une jeune femme. Bien sur, j’avais tenté de l’aider à se relever mais sa tête blonde m’était bien trop familière. Face à elle, je ne pu cacher ma surprise puis, alors que je lui tendais une main pour l’aider à se relever, Penny la regarda quelques secondes pour finalement se lever toute seule. Cela faisait déjà deux ans que je n’avais pas vu son visage angélique. Deux ans que je n’avais pas vu sourire mon amie. Deux ans que je ne l’avais pas entendu parler. « J'en doute pas. Ces petites coquines!* En faite, je suis originaire de Boston. J'y ai vécu pratiquement toute ma vie, je dirais. Mais je suis partie vivre dans l'Ohio pendant quatre ans et cela doit faire environ cinq mois que je suis de retour... » L’entendre parler français eut le don de me faire sourire. Ici, trop peu de gens parlaient le français. Dans un sens, c’était parfaitement compréhensible puisque nous n’étions pas dans un pays francophone mais bien aux Etats Unis. Et pourtant, ca me manquait de ne pas le parler ou de l’entendre si peu souvent. Je finis néanmoins par sortir de mes pensées et écoutai la jeune femme. Cela faisait donc cinq mois qu’elle était de retour à Boston. C’était peu croyable. En cinq mois, je ne l’avais même pas croisé une fois, n’importe où. La ville était grande mais quand même. Chaque jour, je croisai et voyais de nouvelles personnes. Avec mon boulot, j’étais envoyé dans tous les coins de la ville et pourtant, je n’avais pas vu une seule fois Penny. Cette dernière se baisa afin de ramasser les quelques affaires qui étaient tombées suite à notre rencontre un peu brutale. Elle m’asséna une petite tape sur l’épaule avant de lancer : « Non mais monsieur Reynolds ! Depuis quand sautez-vous à des conclusions hâtives ? » Une fois encore, je lâchai un sourire envers la jeune femme. Elle n’avait pas changé le moins du monde. Avant que je n’eus le temps de répondre quoi que ce soit, la jolie blondinette enchaina. « Je ne pensais pas te revoir ici non plus, néanmoins. Je t'accorde bien cela. Mais rien que pour ton petit sous-entendu, je vais te battre à plate couture au tennis tiens pour commencer ! Tu es à moi, aujourd'hui. Tu peux libérer ton emploi du temps, mon petit français préféré. » Elle m’adressa un petit sourire en coin. Je souris à nouveau et lui offris mon bras. « Ma journée est tout à toi, ma petite américaine adorée. Et ce n’est pas sur que tu me batte au tennis. Je me suis bien amélioré. » Il était vrai que ces derniers temps, j’avais énormément joué au tennis, voulant pour je ne sais quelle raison améliorer mon niveau. Mes efforts avaient payés. Je l’espérai du moins et je comptai bien le prouver la petite blonde qui était à mes cotés. « On y va, mademoiselle Sullivan ? »

Penny & Kheyran

Bien sur que j’étais heureux de retrouver la petite blondinette. Après tout, voilà déjà plus de deux ans que je ne l’avais pas vu et mine de rien, mon amie m’avait manqué. La revoir ici par un hasard total avait réussi à m’arracher un large sourire et ce fut sans aucun soucis que je lui accordai ma journée. Après tout, je n’avais rien à faire de mes trois ou quatre jours de congé et il fallait que j’en profite plutôt que de les perdre parce que je ne les avais pas utilisé. Je ne comprenais pas vraiment ce système et en France, c’était exactement la même chose. Selon les boites du moins. Certaines laissaient les congés d’une année sur l’autre ce que je trouvais légèrement plus pratique. Mais ce n’était pas à moi de changer le système. Je n’en avais ni l’envie ni l’ambition. Cependant, la proposition de Penny eut rapidement fait de me sortir de mes pensées et ce fut avec un immense sourire que j’acceptai d’aller jouer au tennis avec elle. J’espérai la battre, pour une fois. Malgré son petit gabarit, elle était plutôt forte et elle était un peu du genre sportive, ce qui l’aidait, et beaucoup même. Après lui avoir offert un bras que la jeune femme prit, je la suivis jusqu’aux terrains de tennis qui se trouvaient être en plein air. Elle ouvrit l’une des portes en verre pour se rendre au stand où l’équipement se trouvait tandis que je restai planté là, sans réellement savoir pourquoi. « Eh bien, qu'attends-tu, mon petit français ? Allons y. » Je lui adressai un petit sourire puis, je m’avançai vers elle en prenant mon temps, les mains fourrées dans les poches de mon survêtement. « Me voilà, me voilà, mademoiselle* » Je ne mis pas longtemps avant d’arriver à sa hauteur. Je regardai Penny choisir sa raquette minutieusement puis, une fois qu’elle eut fini, je m’avançai et en fis de même pour choisir la mienne. Je pris une balle que je fis rebondir un petit peu sur le sol puis, jugeant qu’elle était bien et qu’elle me convenait plutôt bien, je suivis à nouveau la petite américaine jusqu’au terrain qu’elle venait de choisir. Dans un sens, nous nous partagions les tâches. Elle, le terrain, et moi, la balle. Elle alla se placer d’un coté du filet tandis que j’allai de l’autre coté. Prêt à servir et à commencer le jeu, je lançai un nouveau regard dans la direction de Penny. « On va en combien ? » Puis, après avoir entendu sa réponse, je me préparai un peu plus. « Prête ? » Je fis mon premier service, envoyant la balle de l’autre coté, déjà amusé à l’idée de faire courir la jolie demoiselle sur toute la surface du terrain.

*en francais dans le texte