«Le 10 novembre 1990, un petit ange est né du nom de Flavie Collins, leurs parents Daniella et José sont fiers d’être parents de cette petite perle.»



Ce fut bien entendu le faire-part de ma naissance, envoyé à tous les amis et connaissances qu’avaient mes parents. Tiens, parlons-en de mes parents. Mon père, José Collins, directeur d’une grande boîte dans le secteur de l’informatique à Paris, il faut dire qu’il gagnait bien sa vie. Et ma mère, sans emploi. Elle préférait rester des heures dans les magasins de luxe ou alors avec ses proches, ses amis.. intimes. Elle était née à Londres et ne voulait pour rien au monde quitter sa ville, c’est pour cela que mon père a du venir vivre avec elle en Angleterre.



Je n’peux pas dire avoir eu une enfance dure, puisque jusqu’à mes 8 ans, j’avais tout ce qu’une petite fille pouvait rêver, des poupées par vingtaine, une grande chambre teintée de rose et de blanc. De jolies robes, tout. Tout. J’avais aussi l’amour que mon père me portait lorsqu’il n’était pas au travail. Il passait des heures avec moi, à me raconter des histoires, à me faire rire, m’emmener dans des endroits magiques. Mais jamais une seule fois il ne m’a parler de l’amour qu’il portait à maman. C’est vrai qu’il n’allait pas vraiment ensemble, après réflexion.



Du haut de mes 8 ans, je commençais à comprendre que ma mère n’était pas une sainte, c’était même plutôt une profiteuse.



- « Bonsoir Monsieur Anderson.. Vous voulez peut-être qu’on alle parler de notre projet dans la grande chambre..?» disait-elle pendant que j’étais cachée derrière la porte de la cuisine.

J’étais jeune, mais je voyais bien clair dans son jeu.



J’avais mal pour papa, il était riche et sa richesse partait dans ce qu’elle désirait. J’aurais préféré les voir séparer, plutôt que de les voir se déchirer. Ils ne s’adressaient que rarement la parole. C’était souvent devant moi, à table, pour faire bien, je suppose. Je n’ai jamais eu la chance d’avoir de frères ni de soeurs, pour mon plus grand désespoir. Peut-être étais-ce le bon choix.



Mon père savait très bien que maman était infidèle, et c’est certainement pour cette raison qu’il partait souvent de long week-end seul avec d’autres femmes. Je ne lui en voulais pas, puisque les années passaient, j’avais bientôt 12 ans et je préfèrais le voir heureux ailleurs plutôt qu’avec celle qui m’avait mise au monde.

C’était dur de parler d’elle en disant «maman» puisqu’elle n’étais pas vraiment proche ni complice avec moi. Tout ce qui l’interessait c’était de se faire belle, et de plaire aux hommes.. riches. Elle aimait le fric, comme on pouvait dire.



Je continuais ma vie, allant à l’école tous les jours, rencontrant des gens. Mes amis, enfin c’est ce que je croyais à mon âge mais très vite je me rendit compte qu’il fallait se méfier de tout le monde. Le soir, pour ne pas voir maman dans le lit avec un autre homme que mon père, je me mettais à dessiner, à colorier, à créer des choses de mes propres mains, et ça me plaisait tellement que je pouvais y passer des nuits entières.



C’est pour mes 14 ans que mon père m’offrit un appareil photo numérique, le tout dernier dans les rayons de magasins. C’est d’ailleurs le lendemain de mon anniversaire qu’il quitta maman, pour repartir en France, je ne le voyais que pendant les vacances désormais et maman se retrouvait seule. Elle n’avait pas l’air triste, bien au contraire. J’avais plus de haine que d’amour envers elle, son comportement m’agaçait et j’en avais presque honte d’être sa fille.



« Evie, ma chérie, ma fille. Je suis maintenant en France depuis quelques semaines et tu me manques déjà, j’espère que toi tu vas bien à Londres et que tes études se passent bien. Pour ce qui est de ton avenir, fais comme tu le sens et n’écoutes pas ta mère. Elle t’aime au fond, c’est certain, essayez de ne pas trop vous détestez.

Restes comme tu es, je t’aime.»



Mon père m’écrivait souvent des lettres, même très souvent et je les gardais toutes, sans exception, sans jamais le dire à ma mère. Il me manquait, c’était certain. Mais je savais que je pouvais compter sur lui à n’importe quel moment de la journée. J’avais maintenant 14 ans et je commençais à rentrer en pleine crise d’adolescence. Personne pour m’écouter, pour me parler, pour simplement rester avec moi, ni même qui me comprennait. C’est pendant cette année-là que maman décida de partir une semaine en voyage à Liverpool. Merveilleux! J’allais rester seule dans cette grande maison. Oui, elle était tellement imprudente que je n’avais personne pour me garder. Mais j’étais mature et cette semaine passa tellement vite que j’en était déçue de la voir descendre d’une belle voiture de luxe.



«Anton chéri, montes les bagages au deuxième étage..», disait-elle presque sur un ton haut, en regardant un homme, bien habillé, avec.. un autre garçon, et une fille.

Le garçon devait avoir mon âge et j’appris bientôt qu’il s’appelait Heath, l’homme avec qui maman revenait Anton et la petite fille, Emily.



Et ben tiens, elle a vite refais sa vie maman. Au début, j’en voulais énormément à ma mère, de ramener des hommes si facilement. De me cacher presque, pour qu’on ne voye qu’elle. Je n’ai jamais eu une grande haine contre mon nouveau beau-père puisqu’il avait l’air gentil, et ses enfants aussi. Mais on ne se parlaient que très rarement.



Ils emmènagèrent avec nous rapidement. De longues semaines passèrent. Je regardais de plus en plus le jeune garçon, Heath. Il était plein de charme, malgré que nous soyons jeunes. Et je m’amusais en cachette à le dessiner avec un crayon sur des dizaines de feuilles canson. Je ne sais pas si il le remarquait, mais il me plaisait bien.



Je continuais de parler par courrier avec mon père et je lui racontais tous les détails croustillants. Que désormais, je passais mes soirées à parler avec mon nouveau «demi-frère», qu’il était très gentil et qu’on avait des points en communs. Il disait souvent que je prenais de belles photos, que j’avais des doigts de fées et que j’avais un sourire tellement mignons. C’est vrai, souvent, on allait se caler dans le jardin ou même dans nos chambre pour se parler de tout et de rien, de notre passé, nos envies et même nos projets. Il était rapidement devenu mon confident, mon meilleur ami.



Très vite, maman m’annonça qu’elle allait se marier avec Anton. J’étais exaspérée, elle allait encore lui prendre tout son fric pour aller chez le coiffeur et se refaire le corps et je n’sais quoi! Mais je ne disais rien, n’aimant pas lui tenir tête puisque ça ne servait à rien. Je voyais Heath triste, c’est normal. Il venait de perdre sa mère, et il voyait son père tomber dans les bras d’une autre femme. C’était délicat. Il ne vint pas au mariage et moi je me forçais à sourire sur toutes les photos, comme si je n’avais qu’une envie: Me barrer loin d’ici, de cette famille.



Pendant 2 ans, notre vie continuait sa routine, entre dîner en famille, prises de têtes avec ma mère, les cours d’art, les clichés que je pouvais prendre.. et notre complicité avec Heath. J’avais 16 ans et lui 17. Et tout l’monde sait qu’à cet âge là, c’est dur de rester de simple ami et de se regarder dans le blanc des yeux. Pourtant, on y étais arrivés très bien jusqu’à maintenant, en se disant toujours que des frères et soeurs, même sans liens de sang, ne pouvait pas être ensemble. Mais cette idée nous ennuyais au fond.



Durant une soirée, tout dérapa. Je devais le prendre en photo nu pour un projet, et bien entendu on finit par s’embrasser et faire l’amour. C’était ma première fois, mon premier rapport sexuel et mon premier vrai amour. Mais ce moment magique fut briser par l’arrivée d’Emily et de ma mère. Pour une fois, c’est moi qui lui faisait honte, on avait échanger les rôles.



Ce que c’est humiliant de se faire prendre dans le lit avec un garçon, surtout avec son sois disant demi-frère. Ils traitaient ça d’inceste mais qu’est ce qu’ils s’y connaissaient en amour? Mon beau-père ne disait rien lui, il devait certainement être content qu’on soit heureux tous les deux avec Heath, mais ce n’était pas du goût de Daniella, ma mère.



Les jours et semaines suivantes fut tout de même durs à vivres moralement puisque ma mère nous suivait, nous regardait de travers et nous punissait sans cesse, mais ce n’était rien face à l’attachement qu’il pouvait y avoir entre nous deux. Pendant encore deux ans, notre amour ne terminait pas et retrouvait son chemin, sous les yeux des autres. Et tant pis, si ça ne plaisait pas.



Mais une goutte d’eau fit déborder le vase, ma grossesse. Le père étant Heath, bien entendu. On se sentait obligé de l’avouer au reste de la famille. Vous auriez vu la tête de ma mère et de son père.. C’était, non ce n’était pas drôle. D’ailleurs, la décision que ma mère pris pour Heath n’étais pas drôle, elle me trahissait encore. Encore, et encore. Il partit dans les jours à venir. A Boston, je le savais, puisqu’il en avait envie. Mais c’était si dur. Briser une histoire d’amour. Moi, je pris la décision d’avorter, ne voulant pas élever un enfant seule, et j’étais encore trop jeune.



Je restais vivre avec eux puisque ma mère ne voulait pas me laisser partir ni de donner de l’argent, je fut appel à mon père, lui racontant tout au téléphone pendant de longues heures au téléphone. Il me trouva un appartement à Boston, deux ans plus tard. Le temps que je finisse mes études d’art à Londres. A 20 ans, je pris mes clics et mes clacs et je partais pour cette grande ville, où j’espérais le retrouver. L’amour, ne se brise pas avec la distance. J’en étais persuadée..